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IDHBB - Infos 2017/ 5 – Semaine  19-25 Novembre 2017

 

25 novembre 2017

Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

 

« Combattre la violence faite aux femmes »

« Femme réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers… reconnais tes droits »

 

Discours prononcé

 

Par le bâtonnier Bertrand FAVREAU

 

à la Chambre des Députés

ROME

 

le 26 mai 2017

 

 

 

Le sujet traité est préoccupant et si il est d’une actualité urgente de doit pas nous faire oublier qu’il est des résultats de pesanteur sociologie sociétale qui se sont malheureusement accumulées dans l’aveuglement de celles et de ceux qui nous ont précédé.

 

Ce n’est pas uniquement une question de sémantique que nous autres français nous connaissons bien. Nous sommes les héritiers de ce brûlant été 1789 ont été proclamés ce que l’on appelle encore les immortels principes des « droits de l’Homme »…. Bien évidemment, indépendamment de la réaction justifiée d’Olympe de Gouges, -qui réécrivait la trop mâle déclaration : « article premier– «La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits »–Nul ne songeait vraiment qu’il ne s’agisse à cette époque de libérer le genre humain… et pourtant et pourtant (deux fois !), Peut-on oublier que tout cela relevait d’une conception héritée des siècles antérieurs, qui ressurgit à l’état de barbarie primaire dans le comportement de certains aujourd’hui. En un mot, le retour à des comportements du passé avec les moyens techniques du futur.

 

Faut il rappeler ici que trois siècles avant notre ère, c’étaient des hommes qui osaient se poser la question de savoir si la femme avait une âme ? Il y avait des prémices dans la question posée par Aristote, de cet âme à retardement qui selon lui ne serait rentrée que plus tard dans le corps d’un fœtus féminin. Quoi en vérité penser que le Fœtus masculin se dotait d'une âme au bout de quarante jours, contre quatre-vingt-dix jours pour le fœtus féminin ?

 

Oserait-on le reprocher à nos ancêtres grecs qui plus que tout autre croyaient en une Déesse mère ? Mais il s’agissait d’un précédent qui d’ailleurs ne saurait innocenté les grands auteurs chrétiens, qui l’ont repris jusqu’à Saint Thomas d'Aquin.

 

Faut-il songer à ce riche et non triste Moyen Âge mais qui fut cependant l’époque de ces contes violents où "Les femmes battues étaient censées faire rire, mais rire qui qui : les hommes !

 

Je relèverai ainsi, en me sentant innocent pour mes ancêtres puisque je viens du pays du fin'amor , de l’amour courtois, et de la délicatesse de touches.. qui n’a pas été toujours cependant celle des gens du Nord chez nous en France, aurait adopté les les coutumes de Philippe de Beaumanoir, le fameux rédacteur des "Coutumes de Beauvaisis", au XIIIe siècle, qui autorisaient le mari à battre une épouse désobéissante

 

Comment ne pas ignorer que souvent ce qui peut faire rire, qui peut relever de pratique répandue, prélude toujours à l’odieux.

Il n’est pas indifférent de noter que dans le prolongement les XVIe et XVIIe siècles ont connu la chasse aux "sorcières", que pendant 2 siècles on a brûlé entre 50 000 et 200 000 en Europe, estiment les historiens (et peut-être n’ont pas 9 millions comme le disait Benoîte Groult) , parce que c’était une réaction criminelle d’une société d’hommes inquiets pour leur pouvoir.

 

C’est sorcière nous connaissons bien la fatalité de leur destin : depuis la magicienne (ou « sorcière »), Circé, qui métamorphosa les compagnons d’Ulysse en cochon, c’est celle aussi qui nous frappe dès les premières mesures l’Azucena du « Trouvère » ou de l’Ulrica du « bal masqué, ces femmes qui sont considérées comme des « sorcières » pace qu’elles sont femmes….

 

 Or, Michelet a bien montré dans son ouvrage éponyme que la prétendue sorcière dans l’histoire toujours un personnage unique perçu comme novateur, féministe et révoltée par son destin social. C’est un anti féminisme virulent dans le discours de l'Église a poussé les sociétés à marginaliser la femme comme un agent de Satan. Et l’on remarquera une fois encore avec tristesse que même La Révolution française et le XIXe siècle ont conspué les premières féministes. Flora Tristan, Louise Michel...

Or, toute forme de déconsidération, de discrimination, de dévaluation voire de sa distinction Pierre Bourdieu , à l’égard des femmes contient en germe un appel à la violence.

 

Par beaucoup d’aspects c’est cet héritage d’un état d’esprit…. Qu’il nous faut combattre car les violences subies par les femmes constituent la manifestation la plus aigüe de l’inégalité homme -femme. Il faut amplifier, universaliser, criminaliser la prise de conscience assez récente des violences intolérables subies par les femmes.

P

ar ce que les violences envers les femmes sont encouragées par l’acceptation et la diffusion des stéréotypes, la politique de prévention passe par une action sur l’image de la femme. L’école, les médias ont un grand rôle à jouer en refusant de contribuer à la persistance de représentations dégradantes de l’image de la femme. La politique de lutte contre les violences faites aux femmes est donc multiforme mais seule sa partie répressive est prévue par la loi.

 

Pourtant la prise de conscience semble être récente, indépendamment des actions pionnières bien connues et des combats menés dans le passé, sur le plan de la norme.

 

Comment ne pas relever par exemple que ce n’est qu’en 1979, qu’a été adoptée la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et plus récemment encore– en décembre 1993–qu’a été adoptée par l’assemblée générale de l’ONU la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes.

 

Mais plus encore ce n’est que depuis 1999, que la journée du 25 novembre a été proclamée "Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes".

Et puisque nous sommes une association européenne, comment ne pas rappeler que, ce n’est qu’en 2011 a été signé à Istanbul et par seulement 13 pays la convention du Conseil de l’Europe sur la violence à l’égard des femmes et les violences domestiques qui est le premier instrument européen créant un cadre juridique complet pour prévenir les violences à l’encontre des femmes,.

 

La convention d’Istanbul a pour objet de protéger les victimes et mettre fin à l’impunité des auteurs de violences. Elle définit et érige en infractions pénales différentes formes de violence contre les femmes (dont le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, le harcèlement, les violences physiques et psychologiques et les violences sexuelles).

 

Cette recommandation est axée sur la prévention de la violence et la protection des victimes et couvre toutes les formes de violence fondées sur une discrimination sexuelle, y compris la violence au sein de la famille, dans les situations conflictuelles et post-conflictuelles et dans le cadre institutionnel.

 

Malgré cela, selon les données connues les plus récentes, le viol et la violence conjugale représentent pour une femme âgée de 15 à 44 ans un risque plus grand que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. On dispose d’enquêtes qui portent sur des violences sexuées, c’est-à-dire des violences qui visent les femmes en tant que telles. L’enquête montre que le phénomène atteint des femmes de tous les milieux, dans la vie privée, dans les espaces publics comme au travail.

 

 Il est aujourd’hui établi qu’une femme sur 3 est victime de violence au cours de sa vie, et cela concerne donc 1 milliard de femmes à travers le monde. Nous savons par exemple qu’en 2015 en France, 122 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon, ce qui n’est qu’une forme de violence subie

ce qui est le plus grave c’est l’ampleur du silence et l’occultation des violences par les femmes qui les subissent.

 

Depuis 2007, a été mis en place en France un numéro d'urgence gratuit, le 3919 « Violences Femmes info » destiné aux victimes ou aux témoins de violences conjugales. C’est un numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences (toutes les violences, violences conjugales, violences sexuelles, mariages forcés, mutilations sexuelles féminines, violences au travail), de leur entourage et des professionnels concernés. Le numéro 3919 assure un premier accueil pour toutes les femmes victimes de violences sexistes.

 

Aujourd’hui encore, au XXIe siècle : 50 000 appels par an sont passés au 3919.

 

Chers Amis, nous sommes donc à l’heure où les maux que nous avons dénoncé par le passé ont trouvé une forme nouvelle. Il s’agit de la continuation ou de la résurgence de comportements primitifs et barbares qui ont pris de nouvelles formes.

 

Aujourd’hui, les cyber-violences synthétisent, recoupent et contiennent toutes les formes de violences (harcèlement, menaces, injures, diffusion d’images de violences, etc.) qui s’exercent dans l’espace numérique. Elles sont aussi diverses que le permet la multiplicité des supports numériques et des réseaux sociaux. Le cyber-sexisme renvoie à un ensemble de comportements, de propos tenus en ligne dans le but d’insulter, harceler, humilier, de répandre des rumeurs : injures, insultes et commentaires humiliants sur l’apparence physique, la sexualité, propagation de rumeurs, messages ou images à caractère sexuel, diffusion d’informations volées, usurpation d’identité, diffusion d’images intimes prises à l’insu ou prises dans le cadre intime sans l’accord, obtenues. C’est dire, une fois encore, toute l’importance que revêt ce colloque.

 

Da capo… je voudrais terminer en reprenant pour mieux le justifier, ce que je disais en commençant. Vous auriez pu penser que mes remerciements étaient de pure courtoisie, une formalité obligée en quelque sorte. Et bien vous aviez tort. Car maintenant vous comprenez mieux pourquoi il faut exprimer une gratitude particulièrement motivée aux organisateurs et à tous les intervenants qui nous ont fait l’honneur revenir rehausser la qualité de cette rencontre à Rome. Et lorsque ce colloque finira, vous penserez que ces remerciements que j’avais anticipés étaient aussi les vôtres. Car ils vont répondre à cette exhortation, qu’Olympe de Gouges avait écrite dans la postface de sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « Femme réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers… reconnais tes droits »


 

idhbb@idhbb.org

 

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