Premio Internacional de Derechos Humanos Ludovic Trarieux 2016
Premio Internazionale
per i Diritti Umani Ludovic
Trarieux 2016
Internationalen Ludovic-Trarieux-Menschenrechtspreis 2016
Prêmio Internacional de Direitos Humanos Ludovic Trarieux 2016
Ludovic Trarieux Internationale Mensenrechtenprijs 2016
Depuis 1984
“L’hommage des avocats à un avocat ”
“The award given by
lawyers to a lawyer”
“El homenaje de abogados
a un abogado ”
“L'omaggio degli
avvocati ad un avvocato”
“Die Hommage von
Anwälten zu einem Anwalt”
« De award
gegeven door advocaten aan een
advocaat »
THE LUDOVIC-TRARIEUX PRIZE 1985 (PDF)
attribué à
Wang Yu
(Chine)
XXIème
Prix International
des droits de l'homme Ludovic-Trarieux 2016
Les 22 avocats européens, membres du
Jury, représentant les barreaux de Paris, Bordeaux, Amsterdam, Berlin,
Bruxelles, Genève, Luxembourg, l'Unione forense per la tutela dei diritti
dell'uomo (Rome), l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats européens
(IDHAE) et l’Union Internationale des Avocats (UIA)[i],
réunis dans la salle de délibération du barreau d’Athènes (Grèce), le 4 juin
2015, ont attribué le XXIème prix Ludovic Trarieux à
l’avocate chinoise Wang Yu, nne
nouvelle fois emprisonnée depuis le 6 juillet 2015.
Wang
Yu, 45 ans, "a été élue dès le 1er tour. Le jury
a voulu distinguer l'opiniâtreté dans le courage d'une femme qui, avocate en
droit commercial à ses débuts, a décidé qu'elle ne pouvait plus se taire dans
le confort et a choisi d'exposer sa liberté pour défendre les droits des femmes
des enfants et des minorités persécutées",
Wang
Yu a été arrêtée le 9 juillet dernier, et inculpée de
subversion contre l'Etat, passible de la prison à vie. Quelques semaines avant
son arrestation, elle faisait partie de la défense de membres du mouvement
religieux banni Falun gong, et s'était vivement exprimée contre les mauvais
traitements dont étaient selon elle victimes ses clients.
Dans
la foulée de son arrestation, et de celle d'une dizaine d'autres avocats
chinois, une centaine d'autres, qui s'étaient élevés contre ces
interpellations, avaient eux-mêmes été inquiétés par la justice chinoise.
Le
mari de Wang Yu, Bao Longjun,
est lui aussi toujours en prison et leur fils de 16 ans vit sous surveillance
policière.
L'avocate,
spécialisée dans le droit des affaires, avait été condamnée à deux ans et demi
de prison en 2008 pour s'être rebellée contre des employés des chemins de fer
et des policiers qui lui avaient interdit d'accompagner son mari sur le quai,
et s'était spécialisée dans les droits des plus faibles à sa sortie de prison.
(AFP)
Wang Yu, 45
ans, originaire de Mongolie, est devenue l’emblème de la « Répression 709 » (en
référence au 9 juillet), une des plus sévères répressions qui ait jamais frappé
les avocats en Chine.
Aux premières heures du matin du 9
juillet, l'électricité et Internet ont été coupés au domicile de la porte a été
ouverte, la maison fouillée et elle a été emmenée. Wang Yu
a ensuite disparu. Des voisins ont témoigné et ont déclaré que la police a
prétexté une descente chez un trafiquant de drogue qui retenait une personne en
otage. Ce n’est qu’une dizaine de jours plus tard, lorsqu’a été diffusé un
reportage sur la télévision d’État, que l’entourage de Wang Yu
a compris qu’elle avait été arrêtée. Dans cette vidéo qui datait de deux mois,
on la voyait protester devant le tribunal de Shenyang contre le comportement de
policiers.
Au moment de l’enlèvement, son époux,
Bao Longjun et leur fils, Bao Zhuoxuan,
16 ans, qui étaient à l’aéroport de Pékin, venaient d’être interpellés au moment
de l’embarquement. Bao Zhuoxuan, a été confié à sa
tante tandis que ses deux parents ont été placés en détention dans un lieu
inconnu. Il devait être ensuite intercepté le 6 octobre à la frontière sino-birmane où des amis l’avaient conduit pour tenter de
lui faire gagner les États-Unis. Bao Zhouxuan a été
interrogé à quatre reprises par la police. Son passeport a été confisqué et il
a été placé chez ses grands-parents en Mongolie. Il a interdiction de parler
aux avocats. Les maisons de leurs voisins ont été réquisitionnées par la police
pour permettre une surveillance par la police 24 heures sur 24.
La principale cible des policiers fut
le cabinet d'avocats Fengrui de Pékin. Wang Yu. Zhou Shifeng, Wang Quanzhang et Huang Liqun, ont été
placés en détention, le 10 juillet. Le fondateur et directeur du cabinet, Zhou Shifeng s’était rendu la veille, à Songzhuang,
dans la banlieue de Pékin, afin d'accueillir une de ses clientes, Zhang Miao,
correspondante de presse d’un hebdomadaire allemand, libérée la veille après
neuf mois de détention pour avoir couvert les manifestations pour la démocratie
à Hong-Kong en 2014. Il est descendu dans un hôtel, où des policiers l’ont
arrêté et emmené, la tête recouverte d’une cagoule.
Un article publié dans le journal
officiel du Parti communiste chinois, le Quotidien du peuple, a annoncé que les
autorités publiques avaient lancé une opération visant l’élimination d’une «
importante bande criminelle » qui faisait appel aux services du cabinet
d’avocats Fengrui, pour attirer l’attention sur des «
affaires sensibles ».
A la suite des arrestations, plus d’une
centaine d’avocats à travers le pays ont publié une déclaration conjointe de
protestation. Une grande vague de répression s’est abattue sur les signataires
mais aussi sur tous les avocats des droits de l’Homme et les défenseurs dans
tout le pays, y compris à Pékin, Shanghai et Guangzhou. Dès le 10 juillet 2015,
47 personnes, dont 42 avocats 4 employés de firmes juridiques et plusieurs
militants des droits de l’Homme ont été enlevés, convoqués ou détenus par la
police pour être interrogés.
Wang Yu n'en
est pas à sa première persécution. En 2008, alors qu'elle était avocate en
droit des affaires, des policiers l’avaient empêchée de retrouver son mari sur
le quai, alors qu’elle était munie du titre de transport nécessaire. Elle a
porté plainte, mais par représailles, elle a été arrêtée en décembre 2008 et
elle a été condamnée à deux ans et demi de prison pour coups et blessures
envers les policiers. Sortie de prison en 2011, elle n’a été autorisée à
reprendre sa profession d’avocat qu’en 2012.
Depuis, Wang Yu
a défendu de nombreuses victimes de violations des droits de l'homme, en
particulier, les membres des groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants,
les travailleurs migrants, les personnes handicapées et les minorités ethniques
et religieuses et, pour cela, elle a fréquemment été menacée, harcelée et
physiquement agressée par la police. Elle a également défendu des défenseurs
des droits de l'homme et des dissidents politiques. Parmi eux:
- Liu Ming, atteinte une déficience
visuelle, dans une affaire connue comme la «première affaire de discrimination
à l'encontre des personnes handicapées dans l'emploi" (Pékin, 2013-2014);
- Les pratiquants de Falun Gong ;
- Ilham Tohti,
un militant ouïghour et économiste condamné à l'emprisonnement à vie pour
séparatisme (Xinjiang, 2014);
- Cao Shunli,
une militante des droits humains, qui après avoir été enlevé à l'aéroport, a
été accusée de «provocation de troubles» et qui est finalement décédé en
détention en 2014, à la suite d'un manque de traitement médical adéquat (Pékin,
2013-2014);
- Les «Cinq Féministes» qui ont été
inculpées en mars 2015, d’« incitation aux querelles et provocation de troubles
», pour avoir préparé une campagne de sensibilisation contre le harcèlement
sexuel à l'occasion de la Journée internationale de la femme (Pékin, 2015).
- Fan Mugen,
un opposant aux expulsions forcées, condamné à 8 ans d'emprisonnement après
s’être opposé à une équipe de démolisseurs venus pour raser sa maison (Jiangsu,
2013-2015) ;
- Wu Gan, un cyber-activiste éminent
qui travaillait au sein du cabinet Fengrui, accusé
d’incitation aux querelles et provocation de troubles " et
"incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat" pour avoir soutenu
les avocats dans une affaire de peine de mort dont les accusés avaient été
torturés pour faire des aveux.
Le 22 avril 2015, alors qu’elle
défendait des membres du Falun Gong de Liaoning devant le tribunal du district
de Shenhe, à Shenyang dans la province de Liaoning,
Wang Yu avait été trainée de force hors du tribunal
par le personnel de sécurité après avoir dénoncé une violation des procédures
judiciaires et des actes de maltraitances commis par les autorités envers sa
cliente. Les médias ont par la suite transmis des images de la scène mais en
occultant tous les passages qui témoignaient de la brutalité des policiers.
Wang Yu a été
formellement inculpée le 8 janvier, 2016 de «subversion du pouvoir d’Etat »,
conformément à l'article 105 du code pénal et encourt une peine de prison à
perpétuité ou d’une minimale de 10 ans. Elle est actuellement détenue au centre
de détention n° 1 de Tianjin.
MEMBRES DU JURY 2016
(par ordre alphabétique)
Dominique Attias
Brigitte Azéma-Peyret
Isabelle Bühler Galladé
Zbigniew Cichon
Maxime Delhomme
Nicole Derhy
Carlos Fatàs Mosquera
Bertrand Favreau
Julie Goffin
Marie-France Guet
Bernd Haüsler
Christina Kountouri
Charilaos Ladis
Anton Giulio
Lana
Fanny Margairaz
Mario Melillo
Christophe Pettiti
Agaath S. Reijnders-Sluis
Sophia Spilotopoulos
Adrie van de Streek
Haris Tagaras
Jean-Jacques Uettwiller
L’Hommage des avocats européens à
un avocat
Le Prix International des droits de l'homme Ludovic-Trarieux est la plus ancienne et la plus prestigieuse des
récompenses réservées à un avocat puisque son origine remonte au message de
Ludovic Trarieux (1840-1904), fondateur, en 1898, au
moment de l'Affaire Dreyfus, de la « Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen
» : « Ce n'était pas seulement d'ailleurs la cause isolée d'un homme qui était
à défendre, c'était, derrière cette cause, le droit,
la justice, l'humanité ».
Un an après sa création, le Premier Prix a été attribué le 27
mars 1985 à Nelson Mandela alors emprisonné depuis 23 ans en Afrique du Sud. Il
a été remis officiellement à sa fille, le 27 avril 1985, en présence de
quarante bâtonniers venus d’Europe et d’Afrique. C’était alors le premier prix
qui lui était décerné en France et le premier dans le monde par des confrères
avocats. Cinq ans plus tard, le 11 février 1990, Nelson Mandela était libéré. A
partir de cette date, le prix a été de nouveau attribué.
Depuis 2003, le prix est devenu l’Hommage désormais annuel des
avocats à un avocat du monde. Il est décerné conjointement par l’Institut des
Droits de l’Homme du Barreau de Bordeaux, l’Institut de Formation en Droits de
l’Homme du Barreau de Paris, l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de
Bruxelles, l'Unione forense
per la tutela dei diritti dell'uomo (Rome) la Rechtsanwaltskammer
de Berlin, les Ordres des avocats de Luxembourg, de Genève, d’Amsterdam ainsi
que l'Union Internationale des Avocats (UIA) et l’Institut des Droits de
l’Homme des Avocats Européens (IDHAE)), dont sont membres de grands barreaux
européens investis dans la défense des droits de l'homme au nombre desquels Il
est remis aux lauréats alternativement dans une des villes où chacun des
instituts exerce son activité.
1985: Nelson
MANDELA (South Africa)
1992: Augusto ZÚÑIGA PAZ (Peru) †
1994: Jadranka CIGELJ (Bosnia-Herzegovina)
1996 Nejib HOSNI (Tunisia)
and Dalila MEZIANE (Algeria).
1998 ZHOU Guoqiang (China)
2000 Esber YAGMURDERELI (Turkey)
2002 Mehrangiz KAR (Iran)
2003 Digna OCHOA and Bárbara
ZAMORA (Mexico)
2004: Akhtam NAISSE (Syria)
2005: Henri BURIN DES ROZIERS (Brazil)
2006: Parvez IMROZ (India)
2007 : René GÓMEZ MANZANO (Cuba)
2008 : U AYE MYINT (Burma)
2009 : Beatrice MTETWA (Zimbabwe)
2010 : Karinna MOSKALENKO (Russia)
2011 : Fethi TERBIL (Libya)
2012 : Muharrem ERBEY (Turkey)
2013 : Vadim KURAMSHIN (Kazakhstan)
2014 : Mahienour el-MASSRY (Egypte)
2015 : Walid Abu al-KHAIR (Arabie
Saoudite)