IRAN
Janvier 2001
avocate militante des droits de l'homme à Téhéran
et Shahla Lahiji, écrivain
condamnées à quatre ans d'emprisonnement *
Mehrangiz Kar
Photo J. Javid
* Mise à jour : 8 janvier 2002 : Selon une information donnée par PEN INTernational, Shahla Lahiji et Mehrangiz Kar viendraient d'être condamnées en appel à six mois d'emprisonnement. Elles ont déjà accompli deux mois de prison.
Le 13 janvier 2001, le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Mehrangiz Kar, Shahla Lahiji et Ali Afshari à des peines d'emprisonnement d'une durée de quatre ans pour Mehrangiz Kar et Shahla Lahiji et de cinq ans pour Ali Afshari. Ils ont dans le délai de vingt jours relevé appel de cette sentence.
Mehrangiz Kar et Shahla Lahiji, deux militantes résolument engagées en faveur des droits de la personne humaine et plus particulièrement des droits des femmes, auraient déclaré à la presse iranienne qu'elles avaient été accusées d'avoir porté atteinte à la sûreté de l'État en participant à la conférence de Berlin, et d'avoir diffusé de la propagande hostile à la République islamique d'Iran. Également poursuivie pour "non-respect du hejab islamique" (la tenue vestimentaire des femmes en public, telle qu'elle est prescrite par la charia), Mehrangiz Kar aurait été renvoyée devant un tribunal de droit commun pour répondre de ce chef d'inculpation, qui sera examiné ultérieurement.
Mehrangiz Kar, avocate des Droits de l'Homme très connue en Iran, est l'auteur avec Shahla Lahiji d'un livre intitulé "Le rôle des femmes dans l'Iran préhistorique". Ella a participé à de nombreux colloques et notamment à une conférence à Washington organisée par l'Institut du Moyen Orient, le 2 Octobre 1999 où elle donna une communication sur les obstacles que rencontrent les femmes en Iran.
Mehrangiz Kar, qui est atteinte d'un cancer du sein, a été autorisée à se rendre en Europe pour y recevoir des soins. Elle a quitté l'Iran aux alentours du 12 février 2001 et devrait y retourner une fois son traitement terminé.
Ali Afshari représente une organisation d'étudiants, Daftar-e Tahkim-e Vadhat (" Office pour le renforcement de l’Unité "). On ignore où il se trouve depuis qu'il a fait l'objet d'une nouvelle interpellation aux environs du 28 décembre 2000, de nouvelles accusations ayant été portées contre lui. Ses proches et son avocat n'ont pas été autorisés à entrer en contact avec lui et n'ont pas reçu la moindre information sur son sort. L'avocat d'Ali Afshari aurait déclaré à la presse iranienne que celui-ci avait été condamné à des peines d'emprisonnement de durées diverses : quatre ans pour avoir porté atteinte à la sécurité de l'État en participant à la conférence de Berlin, six mois pour avoir créé une cellule de crise au sein de l'organisation étudiante Daftar-e-Tahkim-e Vahdat, et six mois pour avoir diffusé de la propagande contre la République islamique d'Iran. Également poursuivi pour avoir insulté l'ancien vali-e faqih (Guide spirituel) de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Khomeiny, il a été acquitté de ce dernier chef d'accusation.
Mehrangiz Kar, Shahla Lahiji et Ali Afshari, prisonniers d'opinion, ont été arrêtés après avoir participé, en avril 2000, à Berlin, à une conférence socioculturelle à l'occasion de laquelle ont eu lieu de violentes manifestations de la part d'exilés iraniens à la fois contre les participants à la conférence et contre la situation politique en Iran. La justice iranienne considère que la participation à cette conférence a été " mauvaise pour la sécurité nationale ". Dix sept iraniens qui y assistaient ont du depuis faire face à des poursuites.
Mehrangiz Kar et Shahla Lahiji avaient été placées en détention sur décision de la troisième chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran le 29 Avril, Ali Afshari a été emprisonné le jour suivant. Tous trois ont été détenus à la prison de Evin. Ils avaient ensuite bénéficié d'une libération sous caution dans l'attente de leur procès. Mehrangiz Kar et Shahla Lahiji ont été relâchées le 21 juin, après versement pour chacune d'elles d'une caution correspondant environ à 62 600 euros. Ali Afshari a été, quant à lui, remis en liberté quatre jours plus tard, contre une caution d'un montant équivalant approximativement à 64 700 euros. Mais leur avocate, Me Shirin Ebadi, a été arrétée et emprisonnée à son tour le 28 juin pour avoir protesté contre l'interdiction de communiquer avec ses clientes.
Les trois sont prisonniers de conscience et auraient subi de mauvais traitements en détention.
Amnesty USA a lancé depuis le 3 mai 2000, une campagne mondiale en faveur de Mehrangiz Kar, avocat, Shahla Lahiji, éditeur, et Ali Afshari, militant étudiant.
L’IDHBB s’associe à la campagne d’AI-USA
Action recommandée :
Merci d’envoyer des télégrammes, des télex, des fax, en anglais et en français ou dans votre propre langue.
- demandez la libération immédiate et inconditionnelle de Mehrangiz Kar ainsi que celle de tous les autres prisonniers d'opinion;
- efforcez-vous d'obtenir des autorités l'assurance que Mehrangiz Kar, Shahla Lahiji et les autres personnes incarcérées seront traitées avec humanité pendant leur détention, et qu'elles seront autorisées régulièrement à entrer en contact avec leurs proches, à consulter des avocats et à recevoir des soins médicaux si nécessaire ;
- exhortez les autorités à permettre à Mehrangiz Kar de recevoir à l'étranger les soins médicaux requis par son état de santé chaque fois que nécessaire ;
- engagez les autorités à donner des éclaircissements quant au sort d'Ali Afshari et à autoriser immédiatement cet homme à entrer en contact avec ses proches et avec un avocat ;
- demandez instamment que le cas de toutes les personnes condamnées pour avoir participé à la conférence de Berlin soit réexaminé et qu'elles soient mises hors de cause en appel, dans la mesure où aucun motif valable ne semble justifier les condamnations qui ont été prononcées à leur encontre.
Les appels à :
2)Président de la République islamique d'Iran :
His Excellency
Hojjatoleslam val Moslemin Sayed Mohammad Khatami
The Presidency, Palestine Avenue
Azerbaijan Intersection
Tehran, République islamique d'Iran
Télégrammes : President Khatami, Tehran, Iran
Formule d'appel : Your Excellency, / Monsieur le Président de la République,
3)Responsable du pouvoir judiciaire :
His Excellency Ayatollah Mahmoud Hashemi-Shahrudi
Ministry of Justice
Park-e Shahr
Tehran, Islamic Republic of Iran
Telegrams: Head of Judiciary, Tehran, Iran
Salutation: Your Excellency
AVEC COPIES A:
Minister of Foreign Affairs
His Excellency Kamal Kharrazi
Ministry of Foreign Affairs, Sheikh Abdolmajid Keshk-e Mesri Avenue
Tehran, Islamic Republic of Iran
Mr Mohammad Hassan Zia'i-Far
Secretary, Islamic Human Rights Commission
PO Box 13165-137, Tehran, Islamic Republic of Iran
Faxes: + 98 21 204 0541
Il serait également utile d'envoyer une copie à :
Mme Mary Robinson
High Commissioner for Human Rights
+41-22-917-9016
webadmin.hchr@unog.ch
(Source Amnesty International USA)