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INSTITUT DES DROITS DE L'HOMME DU BARREAU DE BORDEAUX
1ère partie - Un aperçu de l'histoire du Barreau de Bordeaux *
Ier ou du 2ème siècle après J-C
Le barreau gallo-romain
IVéme siècle après J-C :
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Âge d’or de la période gallo-romaine avec l’école des rhéteurs bordelais, professeurs d’éloquence réputés en Espagne, à Rome ou à Constantinople qui exerçaient en même temps l’activité d’avocat. "L'éloquence et les orateurs ont eu rarement d'aussi beaux jours dans l'histoire de Bordeaux : il faudra attendre les parlementaires du XVIIIème siècle et les avocats de la Restauration pour retrouver chez nous une passion oratoire d'une telle intensité" a écrit Camille Jullian. |
334 - 337 :
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Ausone (310-394) a plaidé avant que d’être poète et grammairien (" nec fora non celebrata mihi ") et de rejoindre Trèves en 367 à la demande de l’empereur Valentinien pour servir de précepteur au jeune Gratien. Latinus Alcimus Alethius partageait son temps entre le forum et l’école. L’oncle d’Ausone, Aemilius Magnus Arborius, après Bordeaux, plaida à Toulouse, en Narbonaise, en Novempopulanie et jusqu’en Hispanie cistérieure. On dit de Minervius, le plus illustre d'entre tous, qu'il ne forma pas moins de mille avocats à Bordeaux, avant d'être appelé à Rome en 353.
De lui, Ausone disait : " Dicendi Torrens Tibi Copia " (Tu as l’éloquence du torrent en crue), d’Alcimus Alethius et de ceux qu’il a formés dans l’art de l’éloquence, il écrivit : " Ils vivront éternellement dans la mémoire des hommes ". |
358 :
Le Moyen âge
1190     |
Dès le XIIème siècle, le droit s'intéresse au commerce. Les Rôles d'Oléron furent consacrés au transport de vin assuré par des navires qui se rendaient à Bordeaux pour y prendre une cargaison à destination du nord de l’Europe (Flandre, Pays Bas, Allemagne, Angleterre). Ils constituent le premier "code atlantique de droit maritime". Les premières règles ont sans doute été rédigées vers 1190, mais les premiers documents qui soient parvenus jusqu'à nous datent de 1266. Ils comprennent 24 articles puis 38 voire 47 pour les plus tardifs. Ils ont donné naissance au droit maritime moderne. Ils concernent principalement le commerce des vins du port de Bordeaux – qui est cité à six reprises. Mais leur vocation est plus ample "Bordeaux ou ailleurs" ne cesse de scander le texte : Il s'agit des règles relatives au droit maritime qui ont été appliquées sur toutes les côtes d'Europe, de la Méditerranée à la Baltique. Le vin est d'ailleurs la seule marchandise qui soit clairement spécifiée aussi bien dans les textes les plus anciens que dans les compléments ultérieurs où le sel, au contraire, n'est jamais cité. ( The Rolls of Oleron.) ). Les Rôles ne doivent pas être confondus avec un autre texte plus tardif : le coutumier d'Oléron qui comporte 178 articles. Il a été compilé vers 1235, on le connait par une unique copie datée de 1345. Ces articles complètent ceux des rôles d'Oleron pour la partie terrestre du commerce. |
1258   |
Dès la fin du XIIIème siècle, on trouve la présence des avocats de Bordeaux dans
les anciennes Coustumas de la vila de Bordeu ,
écrites en langue romane, et composées à dans un dialecte, dont 1'usage parait s'être conservé, à Bordeaux,
jusque vers le milieu du XVème siècle. Monument
qui résume le droit pénal de la première période anglaise , elles se composent de 242 articles, dont 68 sont relatifs à l'administration de la justice criminelle et quelques autres s'y rapportent indirectement.Dans la version imprimée en 1768, elles font référence à un arrêt de 1258, et
le manuscrit des archives de la ville en mentionne un autre de 1351. Las Coustumas fournissent des indications préciseuses sur le fonctionnement des juridictions. Que ce soit la magistrature locale : le Prévôt de la ville,(désigné tantôt sous le nom de Prévôt de Bordeaux, tantôt sous celui de Prévôt de Saint-Éloi) qui connaissait de toutes les affaires ou contestations des bourgeois ou habitants de la ville et de la banlieue., tant civiles et criminelle, avec pour juge d'appel,le Maire, président du tribunal de la commune., appelé la Cour de Saint-Éloi, et composé de la Jurade. Ou les représentants de la justice royale : le Prévôt de l'Ombrière, qui tenait ses assises sous les arbres du château de l'Ombrière et exerçait sa juridiction "entre les estrangers complaignants, venants de plus loin que la banlieue de la ville" et le Sénéchal de Bordeaux ou de Gascogne, appelé souvent Châtelain ou Juge des appels, qui tenait au château de Bordeaux une cour solennelle. |
L’importance
de l’activité judiciaire est attestée par une charte de Philippe le Hardi, datant
de juillet 1283 où le prince déclare
« faire remise à son « cher cousin
et féal Édouard, roi d’Angleterre et duc d'Aquitaine », des amendes
auxquelles pourraient » donner lieu les appels interjetés de lui roi ou de
ses sénéchaux ou leurs lieutenants, en toutes les terres » qu'il a ou aura en
Gascogne, Agenais, Quercy, Périgord), Limousin, Saintonge, de mauvais et faux
jugements et pour « défault de droit ». ( On sait qu’à l'origine, c'étaient « les juges mêmes
desquels il était appelé », qui encouraient l'amende en cas d'infirmation
de leurs sentences ce qui constituait en soi un progrès, sur l’époque où ils
se trouvaient plus anciennement de défendre
leurs décisions en champ clos et les armes à la main contre les plaideurs
mécontents.) L’avocat le plus ancien connu est Ramon
de Léon, dont les anciennes Coustumas de la vila de Bordeu rapporte qu’il a plaidé en l'an du
Seigneur 1293. Au nombre des rédacteurs des coutumes des avocats
outre Ramon de Léon, Pierre Ramond,
Pierre de Listrac, Bernard de Vinhas, Guilhem de la Rue, Hélie de Pomiers,
etc. S’il n’y avait pas encore de barreau organisé, il y avait des avocats, déjà soumis à des
règles. Ainsi, en matière criminelle, si l’on en croit les anciennes Coustumas., ils ne pouvaient prêter à l'accusé le secours de leur
parole, que si le plaignant avait lui-même confié à un avocat le soin de
faire valoir ses droits, ils devaient accompagner leurs clients, en même
temps que le médecin et le maître armurier, sur le terrain du combat
judiciaire. |
1375     |
De 1375 à 1393., chaque année, à la première audience tenue par la Cour de Saint-Éloi, et après l'élection des nouveaux jurats, les avocats prêtaient le serment de ne prendre aucune cause mauvaise, de ne rien dire qui soit contraire à la coutume, à leur raison ou à leur conscience, mais de les plaider loyalement, sans soulever aucune exception frustratoire, comme de ne rien faire qui porté atteinte à la juridiction du maire et des jurats. (La formule de ce serment solennel nous est parvenue entière dans le Livre des Bouillons de la Ville de Bordeaux). |
12 novembre 1462       |
En signant en 1462, l'acte de naissance du Parlement de Bordeaux, déjà promis par Charles VII en 1451, lors du retour de l'Aquitaine à la Couronne de France, Louis XI a consacré indirectement la création du Barreau de Bordeaux. Le 12 juin I462, Louis XI consomma par ses lettres patentes, données à Chinon, l'exécution de cet établissement. Le Parlement de Bordeaux entra en exercice le lendemain de la fête de Saint-Martin de cette même année. |
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L'audience solennelle d'ouverture a lieu dans l'antique Palais de l'Ombrière dont le nom "Castrum Umbrariae", venait de l'ombrage que faisaient, sur la place qui est au devant, des arbres en avenue et sous lesquels autrefois le prévôt rendait la justice, le 12 novembre 1462. |
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Cette date marque la naissance du barreau et figure au bas de l’avers de la Médaille. En effet, le barreau s’est organisé à partir de cette date sur des bases qui ont perduré jusqu’au début du XXème siècle. La Confrérie deviendra un siècle plus tard la Compagnie, puis l'Ordre des Avocats. Le plus ancien inscrit est le doyen, et deux syndics sont, chaque année, désignés par le Parlement et pris dans une liste de six candidats, composée de trois anciens avocats- choisis dans la première moitié des inscrits, et de trois autres relevés dans la deuxième moitié. Le 19 mai de chaque année, la fête de saint Yves, patron de la Confrérie des avocats et procureurs, était la fête du Palais tout entier. |
Guillaume Le Blanc et la "commune de Guyenne "
Au
début du XVIème siècle, il y avait 62 avocats inscrits au tableau et 85
procureurs au Parlement. Parmi eux des noms qui unissent la magistrature et le
barreau, en 1538 on cite outre Guillaume Le Blanc, François Ranconnet, Bernard
de Laburthe, Richard Duplessis, Pierre Essenault, Guillaume de Bourdeaux,
François Maleret, François de Malleville, Jean de Lange, Pierre Métivier, Baulon, du Noyer, Le Berton, Gaufreteau, Belcier, et bien d'autres
encore. Aussi fortuitement que la défaite anglaise avait favorisé la naissance
d'un Barreau organisé, une révolte contre la gabelle va projeter un de ses
membres à une place de choix dans l'administration et la reconnaissance de ses
concitoyens. Encore serait-on tenté de dire, que l'impôt sur le sel, fortement
impopulaire en Guyenne, dans les dernières années du règne de François Ier, et
dans les premiers mois de celui d'Henri II, ne fut sans doute qu'un prétexte et
non un motif de l'Insurrection. Le retour de Bordeaux, anglaise cent ans plus
tôt, dans le giron français ne présentait-il pas des racines encore fragiles ?
1548 |
En quelques jours d'été 1548, la colère des campagnes se communique à la ville et la révolte qui devait prendre le nom de "commune de Guyenne " aboutit à la mise à feu d'une partie de la ville, à l'assassinat par la foule du lieutenant général du roi, Tristan de Moneins, puis à une répression sauvage menée, sur ordre du Roi, par le Connétable de Montmorency. Nul n'y fut épargné, pas même les Jurats soupçonnés de complaisance. Bordeaux y perdit ses franchises, son administration municipale, et son Parlement, interdit. Ni les supplications, ni les offres de tribut ne purent fléchir la colère du Roi. Alors qu'il ne restait plus d'autre parti que la soumission dans la servitude, la ville trouva cependant un ultime recours, en confiant à un Jurat, Guillaume Le Blanc, " Avocat à la Cour du Parlement ", considéré comme le "meilleur" de son temps, la charge de plaider et d'obtenir du roi Henri II un pardon pour la ville démantelée. Le Roi, bien qu'il fût juge et partie en cette affaire, n'en accordât pas moins, un an plus tard, un pardon qui arrachait la ville aux extrêmes rigueurs du châtiment.« Il parla avec tant d'éloquence que le prince consentit à restituer les Bordelais en leur honneur et bonne renommée ». Jamais aucun avocat ne fût plus cher au cœur de ses concitoyens que Guillaume Le Blanc dont le haut fait a scellé le lien du Barreau et de la chose publique, en même temps qu'il inaugurait la geste des amours tumultueuses de Bordeaux et de la Monarchie.Guillaume Le Blanc est le plus célèbre des avocats bordelais du XVI-siècle; son nom ouvre la liste des orateurs et des jurisconsultes qui ont fait la réputation du barreau de Bordeaux. Il eut de nombreux enfants, et sa descendance a fourni des conseillers au parlement de Bordeaux jusqu'à la Révolution. |
1550 |
Les avocats du XVIème siècle
illustrent la tradition des chroniqueurs de l'histoire de la ville que devait
reprendre Bernadau au XIXème. Gabriel de Lurbe, (…- 1613), qui fut en
1572, procureur-syndic de la Jurade et anobli en 1589, publie en 1594, la Chronique
bourdeloise - le premier travail entrepris sur l'histoire de Bordeaux -
qui connaîtra deux éditions en latin et une en français, et que continuèrent
après lui d'autres avocats, Jean Darnal, en 1619 (pour la partie
1594-1619), puis Jean de Ponthelier, à partir de l'année 1620 (1672)
et Clément Tillet, qui reprit l'ouvrage à partir de 1672 jusqu'en
1701, puis refondit ses recherches et celles de ses trois devanciers, en y
ajoutant une suite jusqu'en 1716. Son fils, Isaac de Lurbe, fut un des avocats les plus appréciés de son
temps. Jurat, il remplaça en 1594 son père comme procureur-syndic. Il faut aussi citer un autre ephémère avocat, Pierre de Lancre, qui allait acquérir quelques années plus tard, une célébrité controversée en raison de la terrible répression qu'il conduisit contre la sorcellerie dans le Labourd, lorsque, devenu conseiller en la Cour du Parlement de Bordeaux, il fut en cette qualité délégué dans le pays basque. De lui, on a écrit : " Sa justice y fut aussi expéditive que sanglante, et le sectaire qui doublait le magistrat ne recula ni devant la torture ni devant le feu ". |
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A côté des orateurs, le barreau produisit des écrivains, et la mémoire de certains d'entre eux, à des titres divers, est parvenue jusqu'à nous . Ainsi en est-il de Pierre de Brach, (1547- 1605), qui partit apprendre la jurisprudence à l'Université de Toulouse, que l'enseignement de Cujas rendait alors célèbre. Jeune poète, il y fut., vers 1567, honoré du prix de l'Églantine presque dans le même temps où Ronsard recevait, lui, une Minerve d'argent massif, l’académie des jeux Floraux " estimant l'Églantine trop petite pour un si grand poète ". De retour à Bordeaux, il y devint avocat. |
1598 |
Jean de Loyac, (vers 1560-1637) né à Tulle, devint avocat au parlement de Bordeaux en 1593. Il y acquit rapidement une situation des plus importantes puisqu’en décembre 1598, il fut député par la ville auprès du roi pour réclamer l’abolition des subsides imposés sur les ports de la Guyenne pendant la Ligue. Reçu à Saint-Germain en plein conseil, au milieu des princes du sang et des grands officiers de la couronne, il parla d’une manière si touchante des bordelais au point que le roi tout ému, « à demi pleurant», accueillit la requête. |
Selon la Chronique bordeloise de Jean
de Gaufreteau, les "cinq plus fameux advocats de qui fussent à
Bourdeaux en ce temps-là" (1570), étaient " Galopin,
Langalerie, Chimbault, Le Recteur et Sainct-Angel ". Jehan Géraud de Langalerie ( 1532-1609)
qui a marqué le Parlement de Bordeaux de 1550 à 1590, fut le premier à défendre
les réformés, et notamment leur droit de se réunir lors de séances houleuses à
la Maison de Ville, évoquées par Dom Devienne. La renommée de Romain de Chimbaud de Filhot et d'Elie de
Saint-Angel franchira le XVIème siècle. |
La rédaction des "Coutumes"
1621 |
Las Coustumas de la vila de Bordeü n’ont jamais été traduites en français. Sous Louis XII, le premier président du parlement de Guyenne, Mondot de la Marthonie, travailla à la rédaction des Coutumes de son ressort. La mort suspendit son travail; mais François de Belcier, qui lui succéda comme premier président, reçut de François Ier l'ordre d'achever son oeuvre.
Pour la première fois peut-être depuis la conquête
française, les Trois-Etats de la Sénéchaussée de Guyenne s’assemblèrent le 7 février 1520. Le travail ne fut terminée qu’en 1527, et les Coutumes parurent alors sous le titre plus moderne de « Coutumes générales de la ville de Bordeau, sénéchaussée de Guyenne et pays bourdeloys. » Ce sont elles que commenteront Ferron (1544), Automne (1621), Dupin (1728), et les frères Lamothe, eux-mêmes qui les publieront en 1768.
Bernard Automne (1574-1666), avocat au Parlement, rédige les Coustumes Generalles de Bordeaux. Jusqu'alors elles avaient fait l'objet de plusieurs tentatives de rédaction depuis le règne de Louis XII et de François Ier, dont les commentaires d'Arnauld de Ferron (1515-1563), conseiller au Parlement. Les Commentaires d'Automne seront plusieurs fois publiés après sa mort. |
1647 |
Mais la postérité à conservé davantage le nom d'Estienne
Cleirac, avocat à Bordeaux (1583-1657), dans le quartier Saint-Siméon.
auteur des Explication des termes de Marine (1636), des fameux « Us et
coustumes de la mer », en 1647, divisées en trois parties. I de la Navigation. II Du Commerce
Naval & Contracts Maritimes. III De la Jurisdiction de la Marine. Publié
chez Guillaume Millanges, en 1647 à Bordeaux, avec un « Traicté de
termes de Marine, & règlemens de la Navigation des Fleuves &
Rivières ». L'ouvrage, traduit en anglais et en hollandais et plusieurs fois réédité, y compris à Rouen en 1671 est considéré comme la source du droit maritime français et à fait autorité jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. Thomas Jefferson qui en possédât un exemplaire de 1661 le considérait comme un ouvrage de référence.
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Juriste, ingénieur, physicien, avocat au
Parlement de Bordeaux en 1664 et érudit, ainsi se présente, à la même époque,
César D'Arçons (?-1681). Lui ne s'est aucunement préoccupé de droit et
ses confrères ne l'ont guère croisé pendant ses années de profession. S'il
s'est signalé en s'intéressant à la mer, c'est pour son ouvrage, décapant
même à l'époque, "Le secret du flux et reflux de la mer (publié
en 1655), où réfutant catégoriquement l'hypothèse copernicienne de la
rotation de la terre sur elle même et se refusant à croire à l'influence de
la lune sur les marées, il attribuait le phénomène des marées à un mouvement
interne de va-et-vient de la Terre le long de l'axe du monde. |
Le plus original d'entre tous fut, sans conteste, Pierre Trichet, (1586-1644), bibliophile en
relations avec des poètes et des savants, qui a publié en 1617 et 1635 une
Tragédie de collège et un recueil d'Epigrammes en vers latins. Il possédait
un cabinet de curiosités en tout genre,
le premier qu'on ait formé à Bordeaux - et collectionnait les instruments de musique. Il est ainsi l'auteur du très savant Traité des instruments de musique, 1640, demeuré
inédit jusqu'au XXème siècle mais
considéré, de nos jours encore, comme l’une
des meilleures sources de connaissance des instruments de musique de l'époque
et périodiquement réédité depuis. |
1651-1653 |
De 1652 jusqu'au retour de l'autorité royale en 1653, les avocats se divisent à propos de l'éphémère république gasconne dite de "l'Ormée" du nom d'une promenade de la ville plantée d'ormes où ils se réunirent pour la première fois. 39 avocats figurèrent parmi les Cent & Trente restés fidèles au pouvoir royal et cinq seulement parmi les défenseurs de l' assemblée populaire dont le fils d'Estienne Cleirac.
Pierre de Villars, "avocat remuant et rusé", selon Boscheron des Portes, apparaît en avoir été un des chefs, avec un "solliciteur de procès", dénommé Duretête. Pourtant, il semble surtout avoir outrancièrement joué double jeu ou avoir pour le moins abandonné la cause en temps opportun puisqu'il fut considéré comme un soutien par les deux camps et a reçu à quelques semaines d'intervalles des louages tant du roi que du prince de Condé pour le rôle qu'il avait joué. Duretête fut exécuté.
Raymond Cleirac, quant à lui, avait fui en Espagne où il s'engagea au service du roi contre le roi de France,en 1652.
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1675 |
Abraham Lapeyrère, publie pour la première
fois, ses Décisions sommaires du palais,
considérées comme une simple compilation qui mais qui fut selon Bernadau, « le répertoire de jurisprudence
locale le plus consulté dans le temps ». Au point qu’il en parut six éditions successives, à Toulouse en 1689, et à Bordeaux juqu’en 1807. |
Dès la seconde moitié du XVIIème siècle, le
barreau comptait plus de cent cinquante avocats inscrits, organisés autour
de leurs Syndics, choisis dans une liste de six membres, composée de trois
anciens et de trois jeunes inscrits au barreau. Il comprenait plus de deux
cents membres en 1611, s'il on en croit François de Bonalgues. Les Plaidoyers
et actions graves et éloquentes de plusieurs fameux
advocats dit Parlement de, Bordeaux
que fit le libraire-imprimeur Gilbert-Vernoy, en 1616, contient des plaidoyers d'avocats
demeurés fameux du XVIIème siècle, parmi lesquels outre Jean de Ponthelier et Clément
Tillet, François de Bonalgues, Jean de Poitevin, Jean de Malvyn, François
de Roquette, qui rima en 1621 des Quatrains moraux et une Ode
au cardinal de Sourdis. Il convient de leur adjoindre Daniel de Prièzac,(1590 - 1662) élu
membre de l'Académie française en 1639,.Denis
de Vielbans, auteur de plusieurs ouvrages juridiques dont un paru sous un
titre fort curieux ; Miroir des familles, dans lequel chaque particulier,
tant des Ecclésiastiques, que la Noblesse & du tiers Estat pourra voir
& reconnoitre le rang qu'il doit tenir avec les prérogatives, honneurs,
& preferences qui luy doivent être attribuées.., avec un traité très
curieux de l'origine de nos roys, directement depuis Pharamond jusques à
présent (1673).. Déjà une première dynastie du
barreau parcourt le siècle : une première dynastie du barreau parcourt le
siècle : François, Jacques puis Jean de Fonteneil, tour à tour syndics
et Jurats. |
L' "Age d'or" classique
De l'Age d'or économique du XVIII ème siècle, date l'éclosion d'un nouveau Barreau et d'une période faste sans précédent.
1708 |
Montesquieu est reçu avocat au Parlement de Bordeaux. Cinq ans plus tard, après la mort de son père (1713)., il deviendra, en 1714, conseiller au Parlement de Bordeaux puis héritera deux ans plus tard de la charge de Président à mortier de son oncle. |
1709 |
Naissance de Jean de Seze,
(1709-1777), avocat au Barreau de Bordeaux à partir de 1736. Il s'illustre notamment, en 1762,
dans le célèbre procès des Jésuites que
le gouvernement voulait réformer et que le Pape déclarait, de son côté, irréformable.
En 1763, il refusa d'accepter les fonctions de jurat de Bordeaux, que lui
proposait le Maréchal de Richelieu en préférant se consacrer exclusivement à « l'exercice et à l'emploi de sa profession
».Mort en janvier 1777, il avait pu assister au premier succès de son
quatrième fils, Raymond dit Romain, dont la gloire allait éclipser la sienne. |
1711 |
Naissance de Joseph Duranteau dit "le Grand" (1711-1790). Il sera le dernier Doyen de l’Ordre de l’Ancien régime. |
1723 |
Pierre Dupin (1681-1746), originaire de Tartas, est reçu avocat à Bordeaux mais, le premier président lui "ayant donné qulques sujets de mortifications"(Lamotte), il quitte le barreau en 1725 pour se consacrer à une nouvelle rédation des coutumes et publie en 1728 chez Etienne Labottière une Edition du Commentaire d'Automne puis une véritable table analytique rendant accessible les commentaires de Ferron et d'Automne., la Conférence de toutes les questions traitées par M. de Ferron, par ordre alphabéthique, avec le Commentaire de M. Bernard Automne", parue après sa mort en 1748 chez l'imprimeur J.B. Lacornée. . |
1749 |
En 1749, à la suite d’une sanction contre un avocat qui avait plaidé contre un magistrat de la Cour, le barreau décide que les syndics seraient supprimés, et qu'à l'instar du barreau de Paris, celui de Bordeaux placerait à sa tête un bâtonnier. Le premier bâtonnier élu est Me Grenier, qui fut chargé par la Compagnie de se rapprocher du Parlement, et d'obtenir que la décision de justice qui avait atteint leur confrère fût enfin rabattue. Mais, mais.en décembre de la même année1749, le Premier Président fit connaître à Me Grenier que la Cour n'entendait rien changer aux usages établis, et que les choses se passeraient à la prochaine renrée comme par le passé. . |
1750 |
En janvier 1750, sur les réquisitions du procureur général, le Parlement annule la délibération prise par les avocats, et refuse aux avocats le droit d'organiser leur Compagnie sur. le modèle de celle de Paris en mettant un bâtonnier à sa tête. Durant dix huit mois, la crise se compliquant de questions de politique et de personnes jusqu'à paralyser l'administration même de la ville.L'intendant Tourny prit fait et cause pour le Parlement contre les avocats, et son attitude ouvertement hostile ne contribua pas peu à brouiller davantage des cartes déjà si mêlées. La jurade fut accusée de favoriser et d'entretenir la révolte de la Compagnie. |
1752 |
Le 28 avril 1752, un arrêt de la Cour exigea que les avocats qui désiraient exercer leurs fonctions "en la Cour" se fassent inscrire sur un remis au parquet des Gens du Roi. Le 2 juin 1752, une assemblée générale de l'Ordre délégua six avocats qui firent soumission au premier président et le lendemain, tous les avocats revinrent à l'audience. Trente deux avocats se firent inscrire sur le Tabeau arrêté le 30 juin 1752 par les deux syndics Saint Martin et Duboucheron. Le "Doyen" est alors Jean-Nicolas de Lisleferme qui a plus de cinquante annéee d'exercice professionnel depuis 1699. Le magistère du premier bâtonnier de Bordeaux n'aura duré que dix-huit mois. L'institution des syndics va se perpétuer jusqu'en 1790, époque où l'Ordre sera supprimé. Selon le tableau arrêté le 13 janvier 1754, le barreau se compose de 123 avocats et de 143, l'année suvante. Le Tableau des avocats |
Le 4 juillet 1752,Guillaume Brochon (1729-1814), prête serment devant le Parlement.Dans sa deuxième moitié, le XVIIIème siècle a consacré outre les talents de Jean de Sèze et de Joseph Duranteau, dernier Doyen de la Compagnie de l'Ancien Régime, celui de Guillaume Brochon, juriste de haute lignée en même temps qu'archétype déontologique. Tous trois représentent à la fois le Barreau classique à son apogée, avec ses traditions intangibles, et sa paisible évolution dans une ville parlementaire. Ce premier " Triumvirat " ( auquel il faut ajouter un quatrième, Martignac père), a régné sur le Barreau de Bordeaux jusqu'à l'aube de la Révolution, assurant même, par sa descendance judiciaire, une continuité, qui pour de Sèze et Brochon, devait atteindre notre siècle. |
1768 |
Alexis et Delphin de Lamothe, (1725-1781) entreprennent une nouvelle édition des Coutumes du ressort du Parlement de Guienne. Ils sont les fils de Daniel de Lamothe, doyen en 1763, et célébré comme « l'oracle et l'ornement de la Compagnie » en raison de son habileté, de sa probité, et de son désintéressement étaient cités par ses contemporains, En deux volumes publiés à une année d'intervalle ils entreprennent à nouveau, dans le prolongement de Ferron, Automne, ou Dupin, le vaste travail de compilation des onze coutumes du ressort qui avait occupé les premières années du XVème siècle. Mais avec plus de rigueur et de précision que leurs prédécesseurs, leur méthode consistant à remonter aux sources et à mettre en perspective la coutume au regard des événements, des mœurs ou des faits du temps. |
1787 |
A la veille de la Révolution, François de Salviat, conseiller au Présidial de Brive, publie, en 1787., à Paris, chez le libraire Buisson, La jurisprudence du Parlement de Bordeaux, avec un recueil de questions importantes agitées en cette cour et les arrêts qui les ont décidées (Cliquer ici pour lire l'ouvrage) , qui répertorie les attestations du barreau., actes par lesquels les avocats du Parlement, convoqués par. les syndics de la Compagnie, authentifient un point de la jurisprudence. Le recueil témoigne de l'importance dans tout le ressort du Parlement du rôle des avocats du barreau de Bordeaux. Toutes les questions traitées dans le recueil sont assorties d'attestations des syndics de la Compagnie des avocats. Les consultations ont pour signataires les avocats les plus en vue du temps : Castelnau, Gilet de Blaze, Le Doulx, Beaune, Fortin, Mascard, Fourcades, Pasquet, Bigarre, Terrasson, Galibert, Brochon, de Brezetz, Bouquier, Dumat, Destoup, Déjean, Cazalet, Tournaire, Dumoulin, Belliquet, Fonfrède, Fortin et Dumoulin jeune. |
Cinq avocats bordelais pour " le jugement de l'Histoire "
1781 |
Inscription au barreau de Bordeaux de Pierre-Victurnien Vergniaud (1753-1793). Il y plaidera jusqu’à 1791. Avec Arnaud Gensonné (1758-1793) et Marguerite-Elie Guadet (1758-1794), ils vont donner leur nom aux " Girondins " de la Révolution française et formeront le célèbre " Triumvirat de la Gironde ". En réalité, eux aussi, seront quatre avec Jean-Antoine Laffargue de Grangeneuve (1751-1793). |
1784 |
En mars, Raymond dit Romain de Sèze, fils de Jean, (1748-1828) quitte le barreau de Bordeaux pour celui de Paris. Il plaidera en faveur de l’une des filles d’Helvétius, dans l’affaire du collier de la Reine et obtiendra, en 1789, l’acquittement du baron de Besenval, accusé de haute trahison. Le 26 décembre 1792, il sera l’un des avocats de Louis XVI devant la Convention. Arrêté après le procès du Roi, de Sèze recouvra sa liberté au 9 thermidor. « Son éternel honneur sera d'avoir été associé à l'événement le plus tristement religieux de notre Révolution », a dit de lui Prosper de Barante.
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1790 |
Suppression des Ordres. Instauration des " défenseurs officieux ".. Lorsque le 30 septembre 1790, les scellés sont apposés sur le palais de l'Ombrière, en vertu du décret des 6 et 7 septembre 1790, le Parlement disparaît. Mais en vérité, depuis juillet 89, « le parlement n’existait plus » (O’Reilly). |
1791 |
En octobre 1791, quatre anciens avocats au parlement sont élus pour représenter le département à l’Assemblée législative: Vergniaud, Guadet, Gensonné et Grangeneuve. Ils allaient devenir, pour l’histoire, les « Girondins », météorites politiques, dévorés à leur tour en moins de deux années, par la Révolution. |
Vergniaud |
Gensonné |
Guadet |
1792 |
Le 26 décembre 1792, dans la Salle du Manège, Romain De Sèze, modifie sa péroraison à la demande de Louis XVI, s'écriant : « Je cherche parmi vous des juges et je ne vois que des accusateurs. » Le défenseur du roi, s'adresse aux députés de la Convention, et notamment à Vergniaud dont il fut l'ami à Bordeaux et dont le vote est déterminant : Citoyens, je n'achève pas.. je m'arrête devant l'Histoire ; songez quelle jugera votre jugement et que le sien sera celui des siècles. (Vergniaud, Gensonné et Guadet voteront la mort du roi (avec l'appel au peuple). Grangeneuve ne la vota pas. Président de la Convention au jour du verdict., c'est Vergniaud lui-même qui lira l'arrêt de mort de Louis Capet.) |
1793 |
En octobre : Vergniaud, Gensonné, sont guillotinés à Paris, dix mois à peine après l'exécution du roi. Grangeneuve est guillotiné à Bordeaux en décembre. |
1794 |
Guadet est guillotiné à Bordeaux, le 19 juin 1794, la mort du dernier des quatre marque la fin de l'épopée girondine. Lorsque survient Thermidor, le Barreau de Bordeaux a été deux fois décimé. Vingt-huit de ses membres sur les cent cinquante qu'il comptait en 1790 ont péri sur l'échafaud. |
1800 |
En 1800, le Barreau ne comptait plus que 8 défenseurs officieux qui coexistaient avec les avoués - d'anciens magistrats ou avocats - dont le statut fut modifié par la Réforme des auxiliaires de justice du Consulat, qui fit d'eux des officiers ministériels en nombre limité, astreints à résidence, ne pouvaient postuler et plaider que devant le siège où ils étaient inscrits, étaient enfin soumis au contrôle du Procureur. A partir de 1802 cependant, on voit réapparaitre des Hommes de Loi portant la robe. La Loi du 22 Ventôse An 12 (13 mars 1804) ressuscite dans son article 29 le tableau des Avocats exerçant près les Tribunaux. Les Avocats sont donc officiellement rétablis, mais non les Ordres. |
La Restauration des Ordres
1806 |
Spontanément, en 1806, des avocats se réuniront autour des plus anciens, au domicile de Guillaume Brochon (le doyen d'âge), place Puy-Paulin et quatre ans avant la réorganisation officielle de leur profession sous l’Empire (1810), ils établiront à nouveau leur Tableau annuel en conservant jalousement leur ordre de réception devant ce que l’on appelait alors… le « ci-devant Parlement ». Autour du patriarche Guillaume Brochon, création spontanée d'un ordre de pur fait, seize ans après sa disparition : délibérations, mesures disciplinaires d'ostracisme et requêtes collectives au Grand Juge, Ministre de la Justice. |
1811 |
Le décret du 18 décembre 1810 restaure les Ordres.
En 1811, l'ancienne compagnie devient l'Ordre des Avocats. Bien que réorganisé, l'Ordre ne retrouve pas ses effectifs de la veille de la Révolution : soixante-sept, soit un peu plus du tiers des cent soixante avocats figurant en 1789.
Guillaume Brochon, qui a prêté serment devant le parlement le 4 juillet 1752, laissait alors à J. Léonard Gaye de Martignac dit Martignac père, qui avait prêté serment devant le même parlement en 1765, l'honneur de devenir le premier Bâtonnier du Barreau de Bordeaux sur désignation du Procureur général près la Cour Impériale.
Liste des bâtonniers de l'Ordre depuis 1811. |
1814 |
Le 12 mars 1814, Bordeaux fief légitimiste, s'offre aux avants-gardes des armées de Wellington et au Duc d'Angoulême, neveu du futur Louis XVIII. Sans guère attendre, le Barreau par la voix du Bâtonnier Denucé proclame son indéfectible fidélité aux Bourbons, sans s'en départir lors des Cent-Jours, s'érigeant ainsi en creuset du personnel politique de la Restauration. |
1815 |
Joseph-Louis Lainé (1767-1835), Président de la " Chambre Introuvable ", puis Ministre de l'Intérieur. Auguste Ravez (1770-1849) sera son successeur en 1818 à la tête de la Chambre. |
1821 |
Pierre-Denis Peyronnet, (1778-1854), garde des Sceaux, Ministre de la Justice (Il le restera jusqu'en 1828) |
1828 |
Martignac fils,(1776-1832) donne son nom, entre Villèle et Polignac, à un gouvernement de Charles X. |
1830 |
Peyronnet, devenu Ministre de l'Intérieur depuis 1829, dans le cabinet Polignac, signe les " ordonnances scélérates " de Juillet 1830, qui scelleront le sort de Charles X.La tradition légitimiste demeurera suffisamment ancrée pour que le Barreau engendre avec constance des députés légitimistes jusqu'au début de la IIIe République. |
1824 |
Treize avocats stagiaires adressent au Bâtonnier Louis Brochon, dit "Brochon jeune", une demande le priant d'instaurer des "conférences du stage". |
Les Sceaux de la République
" Il n'y a pas de barreau bordelais " se risquait à écrire Paul-Ernest de Rattier, en 1857. Son ouvrage s'appelait, il est vrai : "Bordeaux n'existe pas ". A Bordeaux, comme ailleurs, le barreau existe. Il est même pluriel. Et, en tous les cas, duel. Deux traditions anciennes s'y sont toujours affrontées. Partagées entre un courant conservateur, qui sait tendre à l'extrême, et une minorité tournée vers le mouvement, bien présente mais condamnée aux seconds rôles, à l'exception de quelques cycliques résurgences, comme en 1848, en 1879, ou en 1945. Sans doute est-ce la raison pour laquelle l'ordre y est plus rigoureux qu'ailleurs, tandis que le mouvement n'y progresse qu'à pas comptés et de façon gourmée. Usuellement la tradition première y prend le pas sur la seconde, qui n'émerge que par soubresauts, comme par accident, avant de retourner à l'ombre pour de longues périodes. Passéistes et novateurs y coexistent dans une promiscuité qu'adoucit sinon la confraternité, du moins une commune croyance aux valeurs de la défense. En cela, le barreau du XIXième siècle n'est différent ni de celui des époques précédentes, ni de celui du siècle à venir. |
1832 |
Jules Dufaure, (1798-1881), phénomène de longévité professionnelle et politique est élu Bâtonnier du barreau de Bordeaux, à trente-deux ans. Trente ans plus tard, en 1862, il sera élu bâtonnier de Paris. Il accomplira un parcours sans précédent : Ministre en 1839, sous la Monarchie de Juillet, puis en 1848, sous la IIème République, membre de l'Académie française, deux ans apres son bâtonnat parisien, en 1864, sous le second Empire et Ministre de la Justice en 1871, sous la IIIème République en même temps que vice président du conseil. Il restera chef du gouvernement et Garde des Sceaux presque sans discontinuer de 1876 à 1879, démissionnant en décembre 1876 pour reformer un gouvernement en décembre 1977. A sa mort en 1881, il léguera cinq mille Francs au barreau de Bordeaux |
1837 |
Parution de la 1ère édition de l’ « Histoire
de Bordeaux depuis 1635 » de Pierre Bernadau ( 1759-1852)
contenant des notices inédites sur les avocats de son temps. Avocat,
écrivain, annaliste, Bernadau restera une des personnalités les plus
controversées du barreau de Bordeaux. Inscrit au Tableau en 1789, il ne figura plus dans les registres après 1811. Ecrivain prolixe
et souvent féroce, il est l’auteur d'Annales dénommées "Tablettes" commencées au début de la Révolution,
chronique au jour le jour de la Révolution fourmillant de détails plus ou moins exacts et de
jugements impitoyables. Aucune étude de la Révolution à Bordeaux ne peut
éluder cette source dont le manuscrit a été acheté par la Bibliothèque de la
Ville en 1860. Très attaché à sa profession d'avocat, même s'il l'exerça peu, il signait les ouvrages de son titre, à l’exception d’un seul « l’Almanach des plaisirs ou répertoire nouveau des jolies femmes de Bordeaux vouées au plaisir public... » signée du pseudonyme de "Paillardini". Mais, pas plus que les auteurs du célèbre « Tariffa delle puttane di Venezia, trois siècles plus tôt, il n'en accepta la paternité. Il a tout fait pour égarer les soupçons non seulement en dénigrant avec ostentation l’éditeur de l’ouvrage mais surtout en accusant d'en être les auteurs, deux avoués au tribunal de la ville Bayle (qui habitait cul de sac des Argentiers) et Mérigot (rue de la Devise ste Catherine). Ce qui pourrait indiquer que l’ouvrage est issu d’une écriture comme d’ expériences à plusieurs mains. . |
1841 |
Aurélien de Sèze (1799-1870) est élu Bâtonnier, pour la première fois. |
1846 |
Inauguration du Palais de Justice. Il abritera la Cour d'Appel, le Tribunal Civil (qui deviendra le Tribunal de Première Instance puis de Grande Instance) et d'autres juridictions. |
Le Palais de Justice de Bordeaux inauguré en 1846.
1848 |
Election au bâtonnat de Jean-Baptiste Roustaing (1805 - 1879. Disciple fervent d'Allan Kardec, il est le futur auteur de « Spiritisme chrétien ou la révélation de la révélation contenant les quatre évangiles » publié à Bordeaux en 1866 et connu au Brésil, où il est aujourd'hui encore considéré comme une source du spiritisme, sous le titre "Os Quatro Evangelhos". Il consacra la fin de sa vie à des œuvres de charité. A sa mort il léguera au barreau de bordeaux le somme de 3000 Francs pour être « affectée à secourir les avocats nécessiteux ». |
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Election au bâtonnat de Guillaume Brochon (1810-1874), petit-fils de Guillaume Brochon et neveu de Louis Brochon (le 13 août 1850). Réputé pour son éloquence et sa connaissance des affaires, il devient Maire de Bordeaux (nommé) en 1864, après avoir appartenu au Conseil Municipal depuis 1848. Pendant son passage à la Mairie de Bordeaux, il a entâmé le dégagement de la cathédrale Saint-André, percé le cours d'Alsace-et-Lorraine et la lia-ne des boulevards extérieurs, construit l'église Saint-Ferdinand, la célèbre "flèche" Saint-Michel et les fontaines des places de la Bourse, Fondaudège et du Parlement. Ami des arts et de la musique en particulier, il fut l'organisateur du recrutement des musiciens de l'Académie de Sainte-Cécile. En conflit avec son Conseil, hostile à sa politique de grands travaux, il se retira volontairement en janvier 1867. |
1851 |
Le proscrit de l'Empire. |
1858 |
1858. Deuxième proscription de Sansas. Après l'attentat d'Orsini, il est déporté en Algérie en 1858. Il ne rentrera à Bordeaux qu'après l'amnistie de 1859 pour y reprendre sa profession d'avocat. Dans l'opposition républicaine, il participe aux élections de 1869. Polémiste violent, habitué des libelles et autres pamphlets, Pierre Sansas aura avec le Barreau de Bordeaux, qui s'honorera de le maintenir au Tableau au temps de sa proscription, des rapports tumultueux. Parce qu'il contestait avec véhémence la décision d'ajouter leur titre après les noms des anciens Bâtonniers sur le tableau, Sansas n'hésita pas à démissionner en 1868 :"Mon nom obscur ferait évidemment tâche au milieu des anciens Bâtonniers si ingénieusement signalés à l'attention publique. J'ai bien l'honneur de vous saluer. Sansas ». Jugeant, en outre, cette protestation insuffisante, il n'hésitera pas à écrire et à faire imprimer une brochure contre le nouvel usage instauré. Nommé Avocat général à Bordeaux le 5 novembre 1870, Pierre Sansas fut révoqué le 2 mai 1871 à cause de ses opinions politiques. Le 23 mai 1871, Pierre Sansas demandait sa réinscription au Tableau, mais le Conseil de l'Ordre exigeait avant d'y procéder, qu'il reniât sa lettre de 1868 au Bâtonnier et son pamphlet. Il n'eut pas le temps de s'exécuter, car il fut élu le 2 juillet suivant député de la Gironde à l'Assemblée Nationale où il siégea comme Membre de la Gauche avancée. Il vota la Constitution de 1875 et fut réélu en 1876. Il a publié divers ouvrages dont "Les origines municipales de Bordeaux". Il devait créer le Musée lapidaire de Bordeaux en 1867 et fonder en 1873 la Société Archéologique de Bordeaux. |
1861 |
Edouard Delprat (1802 – 1877) : Un bâtonnier sous le Second Empire
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1871 |
1871 marque la troisième élection au bâtonnat de Barthélemy Lagarde (1795 - 1887). Inscrit au barreau de Bordeaux, en 1821, il se fit vite remarquer comme avocat d'assises et jurisconsulte. Il devait être successivement élu bâtonnier en 1834 et en 1854. Opposant libéral sous la Monarchie de Juillet, il fut, à deux reprises, le candidat malheureux des libéraux à la Chambre des députés. Après la révolution de février 1848, il a été élu représentant à l'Assemblée Constituante, en avril 1848. Il y fut la voix républicaine du barreau de Bordeaux, - Ludovic Trarieux l'appellera "le girondin de 1848" - alors qu' Aurélien de Sèze y était l'organe légitimiste. Battu aux élections du 13 mai 1849 à la l'Assemblée législative, il sera élu en septembre, à la faveur d'une élection complémentaire destinée à remplacer un élu légitimiste, en l'occurence, son confère Ravez décédé. Rendu au barreau de Bordeaux par le coup d'Etat du 2 décembre, il fut un des membres actifs de l'opposition libérale au second Empire. Il ne quittera jamais le barreau dont il sera le Doyen, jusqu'à sa mort, le 17 septembre 1887. Un monument à sa mémoire a été inauguré, en 1985, dans les locaux de l'Ordre des Avocats au Palais de Justice |
1875 |
En 1875, un avocat, Théophile Malvezin (1824-1897), publie l’Histoire des Juifs de Bordeaux. On lui dont aussi des publications comme Michel de Montaigne : son origine, sa famille (1875), Le Médoc et ses vins avec Édouard Féret (1876). Il démissionne du barreau en 1877 pour se consacrer à l’administration d'une société commerciale et publie une monumentale Histoire du commerce de Bordeaux, en quatre volumes (1892). |
1892 |
Alexandre Nicolaï (1864-1952) publie l'"Histoire de l"organisation Judiciaire à Bordeaux et en Guyenne et du BARREAU de BORDEAUX du XIIIème au XIXème siècle". |
1899 1911 |
Ernest Monis, (1849 - 1929), avocat inscrit au barreau depuis 1879, est nommé ministre de la Justice du gouvernement présidé par le célèbre avocat parisien, Waldeck-Rousseau. Il demeure à ce titre le Garde des Sceaux qui connut la plus grande longévité de la Troisième République. En 1911, Monis, devient président du Conseil pour cinq mois. Il reprit après 1911 sa profession d'avocat à Bordeaux qu'il exerça jusqu'à sa mort et fut président du Conseil général de la Gironde jusqu'à 1919. |
1914 |
Le bâtonnier Payen écrit : " Le Barreau de Bordeaux est le plus illustre peut-être de tous les Barreaux de France. Election en juin 1914, du bâtonnier Welcome 0'Zoux , auteur de "La Révolution de 1848 et l'Emancipation des esclaves à l'Île Bourbon". Mobilisé quelques semaines après, il ne prendra ses fonctions qu'après l'armistice de 1918. Trente-quatre avocats du barreau de Bordeaux sont tombés au cours de la guerre 1914-1918. |
De la Tribune au prétoire
A ces grands premiers rôles de la vie politique s'opposent ceux qui ont préféré consacrer au prétoire leur courage et leur talent. De ceux-ci chaque époque a distingué les mérites.
Le passé leur proposait une prestigieuse référence : celle de Jean de Sèze, refusant la Jurade pour se consacrer exclusivement " à l'exercice et à l'emploi " de sa profession.
La Restauration leur offrit un modèle qui était déjà une éthique : Philippe Ferrère (1767-1815) Seul parmi les avocats de la Restauration, qu'il a pour la plupart formés, il ne fut ni magistrat, ni ministre, ni Bâtonnier de son Ordre.
Son option personnelle pour la voie judiciaire et sa mort en 1814 lui interdirent les honneurs publics. Le choix du Procureur général le priva de la consécration ordinale.
Louis Brochon dit Brochon fils (1779-1850) et Honoré Teyssier (1791-1863) illustreront une tradition strictement judiciaire, tandis que, sous le Second Empire, Faye, Lafon et Vaucher en seront les dignes épigones.
Seul, toutefois, le dernier quart du XIXème siècle devait voir éclater une génération susceptible, par son nombre et son talent, de perpétuer la " légende ".
1875 |
René Roy de Clotte (1850-1915), Fernand Habasque (1851-1927), ou Aurélien de Sèze II(1850-1921), inaugurent une ère nouvelle du Barreau. |
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Ils seront suivis quelques années après par Léonce Peyrecave (1840-1927), connu pour son célèbre exorde Fermons les Codes, ouvrons les coeurs et qui a mené la plaidoirie sentimentale à son apogée, moissonnant des acquittements que les jurys ne savaient plus lui refuser, couronnant à quatre-vingt-quatre ans au grand criminel, une carrière vierge de toute peine de mort. Une de ses causes les plus célèbres est la défense, en 1906, devant la Cour d'assises pour tentative d'empoisonnement sur la personne de son mari, de Mme Canaby, qui devait inspirer à François Mauriac, l'héroïne de Thérèse Desqueyroux . |
1891 |
Troisème élection au bâtonnat d'Etienne-Henry Brochon, (1833-1896) dernier de la dynastie des Brochon au barreau, collectionneur et botaniste estimé, il avait été déjà élu à deux reprises en 1873 et 1881. |
1910 |
Première parution de « La Tradition du Barreau de Bordeaux". Oeuvre du bâtonnier Roger Brazier (1858-1917), bâtonnier à deux reprises en 1899-1900 et en 1907-1908, familièrement appelé le « Brazier», l'ouvrage codifie toutes les délibérations de principe du Conseil de l'Ordre de Bordeaux depuis 1806. Il reproduisait, en outre., en fac simile, les lettres autographes des plus illustres des avocats de Bordeaux au XIX" siècle. En 1935, l'Ordre décida sa réédition après mise à jour et sa distribution aux jeunes avocats dont ce fut pendant très longtemps le "bréviaire". Un exemplaire relié fut offert au président Poincaré lors de sa réception par le barreau de Bordeaux en 1913. |
1915 |
La première femme avocate au barreau de Bordeaux : Cl. Vogée-Davasse (1883 – 1954). |
1920 |
Joseph Denoix de Saint-Marc (1872-1965) , inscrit en 1897, bâtonnier de l'Ordre pour les années 1919-1920, c'est à lui que revint l'honneur de présider les festivités destinées à célébrer les 80 ans de Peyrecave en prononçant un discours devant tous le barreau réuni :"En fêtant votre longue carrière aujourd'hui, l'Ordre tient les Assises de la Reconnaissance...de cette ancienne et illustre famille qu'est le barreau de Bordeaux." |
Pour célébrer les 80 ans du bâtonnier Peyrecave, un banquet lui a été offert le 22 juin 1920 lors duquel le bâtonnier Joseph Denoix de Saint-Marc devait prononcer le discours d'hommage du barreau.
1930 |
Henri-Robert distillait,: Paris n'a pas le monopole des avocats de talent. S'il fallait décerner un palmarès et donner des prix, je pense que la palme reviendrait au Barreau de Bordeaux. Trois avocats ont eu dans la capitale des meilleure vins de France une réputation méritée : Roy de Clotte, Habasque et Peyrecave(photo). (Le Palais et la Ville) |
1936 |
Première élection au Bâtonnat de Louis Chalès (1882-1956), avocat en 1905, il devient dans les années vingt aux Assises le rival bordelais de Peyrecave. Comme lui il connut - le dernier - les honneurs d'un second bâtonnat en 1948. Il devait être l'avocat de Paule Guillou et, en 1952, d'Adrien Marquet. |
1943 |
Manon Cormier (1896-1945), première femme secrétaire de la Conférence du Stage, à Bordeaux, est déportée à Ravensbrück où elle est déclarée "Nuit et brouillard". Elle mourra à son retour, le 25 mai 1945. |
1944 |
Libération de Bordeaux.Trois avocats ou ancien avocats du barreau de Bordeaux :Jean Costedoat (5° à partir de la gauche), le bâtonnier René Caillier (7°) et Jean Odin (8°)) sont membres du Comité départemental de Libération, le 1er août 1944.
De 1945 â nos jours
1956 |
Pierre Siré (1900-1982), bâtonnier de l'Ordre des avocats à la cour d'appel de Bordeaux en 1956 -1957, spécialiste du droit des vins et du transport aérien, a exercé sa profession à Bordeaux, où il est enterré, pendant plus d'un demi-siécle. Élu en juin 1956, il faut le dernier bâtonnier en exercice élu pour un an. la rentrÉe 1957, la durée du bâtonnat fut porté à deux ans. C’est â lui qu’il revint de faire l’éloge du bâtonnier Chalès. Il se signala à la rentrée solennelle du stage de 1956 par un discours novateur appelant ses confréres â sortir des salles d’audience pour apporter leur compétences â la vie économique et sociale de la Cité.Deux ans avant sa mort en 1982, il publia un livre de souvenirs, Le fleuve impassible, évoquant ses souvenirs d’enfance sur l’Île nommée "verte" , au milieu de l’estuaire de la Gironde, entre Blayais et Médoc. (Photo : Pierre Siré en 1946, D.R.) |
1960 |
Election au bâtonnat de Jules Ramarony (1901-1994). Admis au barreau en 1923, redoutable bretteur à la barre, il avait été en 1944 membre de la délégation municipale. Sous la IVème République, il fit partie à partir de 1945 des deux Assemblées nationales constituantes et des deux premières législatures. Vice-Président de l'Assemblée Nationale, il fut secrétaire d'Etat à la Marine Marchande dans les cabinets Mayer et Laniel en 1953. |
1967 |
Election au bâtonnat de Jean Rozier (1909-1987), l'autre grande figure emblématique du barreau des années soixante. Propriétaire viticulteur du château des Arras, il est un éminent praticien du droit rural et un technicien du droit des vins, dont il écrit et met à jour périodiquement le " Code ". Il perpétue, à Bordeaux, la tradition des avocats au parlement, les châtelains et vignerons, pour lesquels l'usage s'était établi d'interrompre les audiences pendant plusieurs semaines de chaque année en septembre, moment sacré des vendanges. De la réhabilitation du bûcheron Solera, injustement accusé, à l'instruction de Maurice Papon, toutes les grandes affaires bordelaises d'un demi-siècle sont passées par son cabinet. Au procès des Vins de Bordeaux, en octobre 1974, il répondit au président qui lui lançait : " Maître, ici c'est moi qui dirige les débats", sous les murmures et les rires de la salle : "Et c'est moi qui dirige la défense!". Quand il disparaît, en 1987, une page du barreau de Bordeaux est définitivement tournée. Déjà cependant, un nouveau barreau était né qui n'avait pas fini d'écrire son histoire...(à suivre) |
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